Situation confuse en Mauritanie : coup d’arrêt au processus démocratique ?

0
829


Par Ouestafnews

Dans la matinée, la radio nationale n’émettait plus et était encerclée par des militaires, a indiqué à Ouestafnews un journaliste présent à Nouakchott et joint par téléphone depuis Dakar. Des patrouilles de soldats étaient aussi visibles dans certains endroits de la capitale où la situation était toutefois calme en dépit de la confusion au sommet de l’Etat, selon le même témoin.
Une agence de presse locale, Nouakchott-info, a affirmé tôt mercredi matin que le premier ministre Yahya Ould Ahmed El Wagf avait déjà été « arrêté », alors qu’une personne, présentée « comme la fille du président » mauritanien Sidi Mohamed  Ould Cheikh Abdallahi annonçait sur les ondes de Radio France Internationale (RFI) l’arrestation du chef de l’Etat par des militaires.
Auparavant, quelques sites mauritaniens, citant un « décret présidentiel » avaient annoncé le limogeage par le président de quatre officiers supérieurs mauritaniens,  y compris le chef d’Etat major des armées le général Mohamed Ould Ghazaouni et le chef de cabinet militaire du chef de l’Etat, le général Mohamed Ould Abdel Aziz.
Ces deux généraux étaient remplacés respectivement par les colonels Abderrahman Boubakar et Mohamed Ould Ismail, selon le décret.
Cette situation très confuse au sommet de l’Etat pourrait mettre un coup d’arrêt au processus démocratique enclenché depuis 2007 en Mauritanie, selon le desk politique d’Ouestafnews.
Les prémisses de la situation actuelle étaient en place depuis la fin juin, période à laquelle le pays a commencé à plonger dans une situation tendue au sommet de du pouvoir, reflétée par une bataille entre l’exécutif et le législatif.
Cela avait commencé  par des menaces brandies par un groupe de députés de la majorité d’introduire une motion de défiance contre le premier ministre.
Celui-ci avait préféré démissionné début juillet mais pour être aussitôt reconduit à son poste par le chef de l’Etat.
Début août, les mêmes députés dont le nombre avoisine la cinquantaine, avaient annoncé leur démission du parti au pouvoir  et le président menaçait à nouveau de son côté de dissoudre l’assemblée nationale.
Dès le début de la crise, les analystes à Nouakchott avaient soupçonné des manœuvres d’officiers militaires tapis dans l’ombre qui tentaient d’exercer un contrôle sur l’exécutif, dirigé par un président démocratiquement élu.
L’élection en 2007 du président Mohamed Ould Cheikh Abdallahi lors d’un scrutin salué aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de la Mauritanie avait mis le pays sur la voie de la démocratie, ceci après une transition militaire jugée « réussie » conduite par le colonel Ely Mohamed Ould Vall.
Ce dernier avait en août 2005 chassé du pouvoir le président Sid Ould Ahmed Taya, qui vit aujourd’hui en exil dans les pays du Golfe arabe.
Depuis la chute du premier président mauritanien après l’indépendance — Moctar Ould Daddah renversé par un coup d’Etat militaire en 1978 — l’accession au pouvoir s’est toujours faite par les armes à Nouakchott, à l’exception de l’épisode Ould Cheikh Abdallahi qui était venu au pouvoir par les urnes à l’issue de la  période de transition militaire du colonel Ould Vall.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici