Violences électorales : déçus des autorités sénégalaises, les plaignants se tournent vers la justice internationale

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« En ce qui concerne les cas de torture, aucun n’est encore instruit malgré les preuves que nous détenons. Et nous avons constaté une volonté manifeste des autorités étatiques et judiciaires de ne pas le faire », a déclaré Rokhaya Gassama, la présidente du collectif, lors d’une conférence de presse.
 
Selon, elle la saisine de la justice internationale s’impose dans la mesure où «  toute les voies de recours internes ont été épuisées ».
 
« Il est temps d’internationaliser le combat. Et attendez-vous dans les prochains jours que le Comité de l’Organisation des Nations-unies contre la torture soit formellement saisi, avec des preuves à l’appui »,  a averti Me  Assane Dioma Ndiaye, l’un des avocats du collectif et président de la Ligue sénégalaise des droits humains (LSDH).
 
Le collectif, qui avait beaucoup misé sur l’arrivée au pouvoir de Macky Sall dont la lutte contre l’impunité était l’une des nombreuses promesses électorales,  a visiblement perdu espoir.
 
Selon Seydi Gassama, le secrétaire général de la section sénégalaise d’Amnesty International, la « lenteur » du traitement du dossier du collectif est d’autant plus « inacceptable » que la plupart de ceux qui sont actuellement au pouvoir disent être témoins des violences électorales.
 
Le collectif a annoncé, en plus de l’internationalisation du dossier, son rejet du processus d’indemnisation des victimes enclenché par le gouvernement sénégalais.
 
Ses membres fustigent la méthode des autorités qui n’ont associé aucun membre de la société civile dans la commission créée pour s’occuper des indemnisations. Cette commission ne comprend que des « hommes de tenue », c’est-à-dire des responsables ou agents de la sécurité publique.
 
Les violences électorales ont causé la mort d’une dizaine de personnes, et le collectif et ses avocats ont signalé des cas de torture imputés à la Police sénégalaise.
 
Menés par la société civile et l’opposition politique de l’époque – dont Macky Sall faisait partie des dirigeants -, des milliers de citoyens protestaient à Dakar et dans d’autres villes du pays contre la candidature d’Abdoulaye Wade, le président de l’époque, à l’élection présidentielle de février-mars 2012.
 
M. Wade a disputé la présidentielle de 2012, le Conseil constitutionnel accepté sa candidature controversée, car jugée légale par certains juristes, mais illégale pour d’autres. Il s’est fait battre au second tour par Macky Sall, élu avec 65% des suffrages.  
 
Le « Collectif des victimes et parents de victimes des violences électorales » est soutenu par plusieurs organisations de défense des droits de l’homme, dont Article 19 et la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (Raddho), en plus des organisations déjà citées.
 
Cette sortie médiatique du collectif a eu lieu dans un contexte où la Police sénégalaise est une nouvelle fois indexée, à la suite de la mort d’un jeune apprenti-chauffeur, à Mbacké, dans le centre du pays.
 
 Ibrahima Samb est décédé lors d’une arrestation menée par des éléments de la Police de Mbacké,  dans la nuit du 18 au 19 octobre 2013. La Police sénégalaise est très critiquée par les organisations de défense des droits de l’homme, qui lui reprochent de pratiquer même la torture.
 
« Une vingtaine de personnes ont trouvé la mort entre les mains des forces de l’ordre, durant ces douze dernières années. Et l’essentiel des plaintes n’ont abouti à rien », a dénoncé Seydi Gassama.
 

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